Pourquoi le fait de vivre dans une période d’incertitude maximale est un mythe?

Si la crise environnementale est unique dans l’histoire de l’humanité, l’incertitude est-elle pour autant plus forte que jamais dans notre monde? C’est la question à laquelle Alex Fergnani, professeur associé de stratégie à la Rabat Business School, spécialiste de la prospective, tente de répondre

Synthèse
L’idée que nous vivons dans un monde VUCA (Volatile, Uncertain, Complex, Ambiguous) est une affirmation fréquemment rencontrée dans le discours public autour des affaires et de la technologie1. Cette idée est soutenue par diverses personnalités publiques, y compris des futurologues de premier plan comme [[Amy Webb]] et [[Peter Schwartz]], des intellectuels publics éminents comme [[Yuval Noah Harari]], des porte-parole du Fonds monétaire international et une foule de commentateurs d’affaires, de journalistes et de dirigeants qui discutent publiquement de l’avenir.

L’illusion de l’unicité
Les premiers penseurs à soutenir que l’environnement des affaires n’a jamais été aussi incertain étaient des écrivains comme Alvin Toffler et Igor Ansoff. Leur point de vue a été façonné par les développements technologiques rapides observés dans les décennies suivant la Seconde Guerre mondiale. Cependant, cet argument tient peu face à l’histoire. Par exemple, Toffler a affirmé que dans les années 1960, l’environnement des affaires était très turbulent. Pourtant, comparé à la Grande Dépression des années 1930 ou à la Seconde Guerre mondiale des années 1940, les années 1960 ont été l’une des périodes les plus stables de l’histoire de l’Occident industrialisé. Il en a été de même pendant la crise COVID comparée aux pandémies précédentes de l’histoire. Même s’il est clair que le monde a accéléré son rythme d’innovation, et sa diffusion, cela ne signifie pas nécessairement que le monde soit globalement moins prévisible

L’échec de la planification
Et si c’était l’échec de la planification qui pouvait expliquer cette perception? La planification peut laisser imaginer que l’incertitude sera réduite, voire pourra disparaitre. Or l’environnement est fondamentalement incertain, l’objectif est donc impossible à atteindre. Lorsque nous sommes confrontés à l’incertitude, la meilleure approche est de développer des mécanismes d’adaptation plutôt que d’essayer de la diminuer ou de l’éliminer.

Conclusion
Andy Hines, professeur de prospective, affirmait que le changement est plus lent qu’on ne le pense. Nombre de prospectivistes partagent la frustration de ne pouvoir exploiter pleinement les potentialités du changement mises en avant par l’analyse, et ce du fait de cette lenteur. Le monde a toujours été incertain. Pour faire face à l’incertitude, notre époque dispose du privilège de pouvoir exploiter la prospective stratégique.

Source https://farsight.cifs.dk/why-peak-uncertainty-is-a-myth/

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