EY: Unsustainable growth : La lutte contre la polycrise passe par une remise à zéro de l’économie
Le cabinet EY a soumis en Mai 2024 un rapport au titre sans surprise « une nouvelle économie – Explorer les causes profondes de la polycrise et les principes pour débloquer un avenir durable ». Ce qui est moins consensuel habituellement, surtout de la part d’un cabinet de conseil, c’est le contenu de ce rapport. Il effleure le concept de décroissance.
Une première partie vient expliquer le concept d’une polycrise qui agrège la crise écologique, la crise sociale et la crise géoéconomique. Les 2 premières sont assez bien comprises, la 3ème l’est moins. La crise géopolitique, c’est celle provoquée par un flux constant de crises sanitaires, économiques et géopolitiques, révélant la vulnérabilité de l’économie mondiale aux chocs et l’inégalité frappante de la résilience des communautés et de leur capacité à se rétablir. Cette crise accentue le risque de discorde, de conflit et de polarisation alors même que le multilatéralisme devient de plus en plus nécessaire. Le rapport indique que ces crises sont autant de symptômes de lacunes plus larges des structures de l’économie mondiale.
La seconde partie décline les différentes raisons de cette insoutenabilité de l’économie:
➡️ un découplage qui ne se produit pas conduisant à une consommation d’énergie et de matière première insoutenable.
➡️ des inégalités croissantes et une concentration de richesse inquiétantes
➡️ une surconsommation des plus riches qui cache une lutte des plus pauvres pour leurs besoins fondamentaux
➡️ une économie linéaire qui conduit à une ère de pénuries, d’instabilité de prix et de chaînes d’approvisionnements, donc de tensions croissantes géopolitiques
➡️ un système financier myope qui surévalue les performances court terme en sous-évaluant les stocks et flux des autres capitaux (naturels, humains, sociaux)
➡️ enfin, court-termisme et pensée en silo qui obère notre capacité à réagir
La troisième partie aborde enfin le besoin d’une nouvelle économie. Et c’est ici que les choses deviennent intéressantes en abordant les paramètres de la solutions, 5 clés de réussite qui ne sont pas sans rappeler (sen partie seulement, mais suffisamment pour le dire) le nouveau rapport au club de Rome, « Earth for All »)
- La sobriété : « La sobriété est un levier puissant pour ramener les systèmes planétaires dans un espace opérationnel sûr, en promouvant à la fois des types et des niveaux durables de production et de consommation (…) »
- La circularité : « La circularité est essentielle pour faire face au changement climatique, au déclin de la nature, à la pollution, aux déchets et à la rareté des ressources. Au-delà des co-bénéfices économiques, environnementaux et sociaux, transformer les systèmes linéaires en boucles présente d’énormes opportunités d’innovation transformationnelle. »
- La pensée systémique : « L’économie est composée de systèmes complexes qui, à leur tour, opèrent au sein du ‘système des systèmes’ qu’est la nature. »
- la redéfinition de la valeur : (ou durabilité dure: l’environnement qui englobe la société qui englobe l’économie) »Redéfinir la valeur nécessite d’élargir notre vision au-delà des rendements financiers et des mesures monétaires, en adoptant un modèle multicapital de la valeur, qui reconnaît les multiples dimensions d’une économie et d’une société prospères. »
- la justice et l’équité : « Une économie fondée sur l’équité et la justice serait distributive de par sa conception, répartissant équitablement les charges et les bénéfices, soutenant une vie digne pour tous et inculquant un sens clair de la responsabilité intra et intergénérationnelle. »
« Alors que les grandes entreprises reconnaissent de plus en plus la nécessité de faire évoluer leurs modèles d’entreprise, de nouveaux modèles et structures d’entreprise innovants voient le jour, qui remettent en question les normes traditionnelles en matière de gouvernance, de propriété et de partage de la valeur, et illustrent les principes de la nouvelle économie dans la pratique. »
Le livre Earth for All
Le rapport

