Dans un article du 4 juillet 2024 sur Le Grand Continent, Carlo Invernizzi Accetti propose une analyse approfondie des deux premières décennies du 21e siècle, qu’il qualifie de « Vingt enragées ».
L’auteur, professeur de sciences politiques et directeur du Moynihan Center à l’Université de la ville de NTY, examine la montée de la colère collective contre les institutions politiques dans le monde occidental. Il en prend comme point de départ le succès récent du Rassemblement national aux élections européennes et législatives françaises.
Invernizzi Accetti décrit une série d’événements marquants, du mouvement anti-mondialisation au début des années 2000 jusqu’à l’assaut du Capitole en 2021, en passant par le Brexit et l’élection de Donald Trump. Il souligne que malgré leurs différences, ces phénomènes partagent un fil conducteur commun : la rage contre l’establishment politique.
Il explore ensuite les racines historiques et philosophiques de la colère, contrastant la vision négative prédominante dans la pensée occidentale avec une perspective plus nuancée héritée de l’Antiquité classique. Invernizzi Accetti suggère que la colère contemporaine ne découle pas tant de privations matérielles que d’un sentiment généralisé de non-reconnaissance sociale.
Invernizzi Accetti introduit le concept « d’insurrection des ratés », s’appuyant sur les travaux du philosophe Peter Sloterdijk. Il avance que les principaux acteurs de la rage contemporaine se sentent renvoyés à un statut de « raté » malgré des droits légaux et un bien-être matériel relatif.
L’auteur critique ensuite les 2 principales réponses politiques à cette colère : le populisme et la technocratie. Selon l’auteur, ces approches ont échoué à apaiser le mécontentement et ont même contribué à l’exacerber. Il illustre son propos par des exemples tirés de l’expérience italienne, notamment l’évolution du Mouvement 5 étoiles et les gouvernements techniques de Mario Monti et Mario Draghi.
En conclusion, Invernizzi Accetti met en garde contre les dangers d’une approche purement technocratique en France face à la montée du RN. Il appelle à un nouveau projet politique capable de canaliser la colère de manière plus proactive et inclusive, tout en reconnaissant l’absence actuelle d’une telle alternative.
Livre cité de Peter Sloterdijk – Colère et temps – 2006
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