IDDRI – Dans les méandres du Pacte vert européen : un destin à l’épreuve des tempêtes

Le Pacte vert européen, vaisseau amiral lancé en 2019 pour guider l’Union européenne vers des rivages plus durables, a traversé des eaux tumultueuses ces dernières années. Entre pandémie mondiale, guerre en Ukraine et crise énergétique, ce projet ambitieux a dû affronter des vents contraires qui auraient pu le faire chavirer. Pourtant, boussole imperturbable, il a su maintenir son cap et même renforcer sa pertinence face aux défis sécuritaires et économiques qui se sont dressés sur sa route.

Ce périple législatif sans précédent a permis de jeter les bases d’une transformation profonde de l’économie européenne. Avec pas moins de 137 textes proposés, dont 54 déjà adoptés, le Pacte vert a dessiné les contours d’un nouveau paysage réglementaire. Des sommets ont été atteints dans des domaines comme le climat et l’énergie, la finance durable ou encore la mobilité propre. La loi européenne sur le climat, véritable phare dans la nuit climatique promise, fixe désormais un objectif contraignant de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Ce voyage n’a pas été sans écueils. Certains domaines, tels que la transition agricole et alimentaire, se sont enlisés dans des eaux troubles. La stratégie « De la ferme à la fourchette », qui devait être le fer de lance d’une révolution agroécologique, s’est heurtée à des résistances farouches. Elle n’a pu avancer comme prévu, illustrant les défis complexes qui se dressent encore sur la route de la durabilité.

Malgré ces vents contraires, le Pacte vert a démontré sa capacité d’adaptation. Face à la crise énergétique provoquée par l’invasion russe de l’Ukraine, il a su se muer en bouclier, offrant une réponse stratégique à travers le plan REPowerEU. Cette métamorphose a mis en valeur la convergence entre les objectifs climatiques et la quête d’indépendance énergétique de l’Europe.

Alors que se débute un nouveau mandat pour les institutions européennes, le Pacte vert se trouve à la croisée des chemins. Il doit à la fois consolider ses acquis et relever de nouveaux défis. La mise en œuvre effective des législations adoptées sera cruciale, tout comme la capacité à raviver les flambeaux éteints, notamment dans le domaine agricole.

L’accélération de la transition climatique apparaît comme un impératif, non seulement pour la crédibilité de l’UE sur la scène internationale, mais aussi pour sécuriser les décisions stratégiques des acteurs économiques européens. La réduction des émissions de gaz à effet de serre devra être multipliée par 2,5 sur la période 2023-2030 par rapport à la décennie précédente.

Dans ce contexte, le renouvellement du contrat social européen s’impose comme une nécessité. La transition écologique, loin d’être un fardeau, peut devenir le socle d’un nouveau pacte entre États et citoyens. Il s’agira d’anticiper et d’accompagner les mutations profondes du tissu économique, tout en garantissant l’accessibilité des solutions bas-carbone à tous les Européens.

L’industrie européenne, quant à elle, se trouve à l’aube d’une renaissance verte. Face à la concurrence internationale et aux défis d’approvisionnement, l’UE doit affiner sa stratégie industrielle en s’appuyant sur ses atouts : un marché unique fort, une base de recherche solide et un engagement résolu en faveur du développement durable. Alchimiste moderne, elle devra transformer les contraintes environnementales en avantages compétitifs.

Le financement de cette transition titanesque reste une équation complexe à résoudre. Avec des besoins estimés entre 360 et 410 milliards d’euros par an, l’UE devra faire preuve d’inventivité pour mobiliser les capitaux nécessaires. Graal financier, la recherche de nouvelles sources de financement s’impose comme une priorité pour le prochain mandat.

Enfin, la diplomatie verte européenne devra déployer tous ses talents pour naviguer dans les eaux troubles des relations internationales. Entre partenariats stratégiques et défense de ses intérêts, l’UE devra trouver un équilibre délicat pour promouvoir sa vision d’une transition écologique juste et inclusive à l’échelle mondiale.

C’est précisément dans la tempête que se forgent les destins exceptionnels. L’Europe a l’opportunité de s’affirmer comme un laboratoire vivant de la transition écologique, traçant une voie inspirante pour le reste du monde. Le prochain chapitre de cette odyssée verte s’annonce aussi crucial que passionnant.

Source

Guide Bain&Company 2024 pour les PDG : Durabilité et Stratégies

« The Visionary CEO’s Guide to Sustainability 2024 » de Bain & Company analyse les défis et opportunités liés à la durabilité pour les dirigeants d’entreprise. Il montre l’importance croissante de la durabilité dans les stratégies d’entreprise, en soulignant la nécessité d’une approche pragmatique et centrée sur les résultats.

Quelques faits saillants de ce rapport (mais allez plus loin en le feuilletant!)

L’importance de la durabilité persiste pour les consommateurs et les entreprises, malgré les défis économiques actuels. Sur près de 19 000 interrogés, environ 60 % sont plus préoccupés par le changement climatique qu’ils ne l’étaient il y a deux ans, souvent en raison d’une expérience personnelle de conditions météorologiques extrêmes. Et cela va à l’opposé de la préoccupation des dirigeants pour lesquels la thématique de la durabilité a été remplacée par l’intelligence artificielle et l’inflation dans les priorités.

36% des entreprises sont en retard sur leurs objectifs de réduction des émissions de scope 1 et 2, et 51% sur leurs objectifs de scope 3. Il est nécessaire d’adopter une approche plus ciblée et pragmatique de la durabilité, en se concentrant sur des objectifs réalisables à moyen terme (5-15 ans) plutôt que sur des engagements à long terme difficiles à atteindre. Le rapport parle d’une approche « 203X » pour la planification de la transition énergétique, qui se concentre sur des objectifs à moyen terme (5-15 ans) plutôt que sur 2050

Le secteur agroalimentaire nécessite au moins 300 milliards de dollars d’investissements supplémentaires par an jusqu’en 2030 pour sa transformation durable. L’émergence de nouveaux modèles de financement et de collaboration permet d’accélérer la transition vers des pratiques agricoles plus durables (Soil and Water Outcomes Fund par exemple)

L’intelligence artificielle peut soutenir les initiatives de durabilité (prédiction des besoins de maintenance pour prolonger la durée de vie des produits par exemple) si tant est que son impact énergétique croissant soit maîtrisé, ce qui n’est pas une mince affaire.

Les partenariats et la collaboration tout au long de la chaîne de valeur est indispensable pour développer des modèles économiques circulaires efficaces. 94% des entreprises ayant une initiative de circularité ont au moins un partenariat dans ce domaine.

Source https://www.bain.com/insights/topics/ceo-sustainability-guide/

Changement Climatique : Menaces et Solutions pour chaque Région

On ne peut qu’être frappés par l’ampleur et la diversité des impacts du changement climatique sur l’ensemble des régions françaises. C’est l’objectif de ce rapport que d’offrir un panorama saisissant des défis auxquels notre pays est confronté, et de démontrer l’urgence d’une action concertée à tous les niveaux.

Le constat est sans appel : avec un réchauffement moyen de +1,9°C déjà observé en France, les effets du changement climatique ne sont plus une perspective lointaine, mais une réalité tangible qui affecte chaque territoire de manière spécifique. Des Hauts-de-France menacés par les inondations à la région PACA en proie aux sécheresses et aux incendies, en passant par les Outre-mer confrontés à la disparition des récifs coralliens et à l’élévation du niveau de la mer, aucune région n’est épargnée.

Ce qui doit marquer les esprits, c’est l’interconnexion des impacts. Par exemple, la hausse des températures entraîne non seulement des vagues de chaleur plus fréquentes et intenses, mais aussi une augmentation des sécheresses, qui à leur tour accentuent les risques d’incendies et de pénuries d’eau. Ces phénomènes ont des répercussions en cascade sur l’agriculture, la biodiversité, la santé publique et l’économie locale.

Région après région, ce rapport décortique les impacts, en montre les effets déjà présents, visibles, forts.

Pour les entreprises, il est indispensable d’intégrer ces risques climatiques dans nos stratégies de développement durable et nos plans de continuité d’activité. Cela implique de repenser nos modèles économiques, nos chaînes d’approvisionnement et nos processus de production pour les rendre plus résilients face à ces changements.

Des solutions basées sur la nature et de l’adaptation des infrastructures sont proposées aussi dans ce rapport. La restauration des écosystèmes, comme les mangroves ou les zones humides, peut jouer un rôle crucial dans la protection contre les inondations et l’érosion côtière. De même, la végétalisation des villes peut contribuer à atténuer les effets des îlots de chaleur urbains.

De même, l’action locale et de la collaboration entre les différents acteurs est jugée indispensable. Les collectivités territoriales ont un rôle crucial à jouer dans l’adaptation au changement climatique, mais elles ont besoin de moyens et d’un cadre adapté. La territorialisation de la planification écologique, annoncée pour 2024, pourrait être une opportunité majeure pour renforcer cette action locale.

Enfin, la transition écologique doit être juste et inclusive. Les impacts du changement climatique exacerbent souvent les inégalités existantes, et il est essentiel que nos stratégies d’adaptation prennent en compte les populations les plus vulnérables.

Cette étude nous rappelle donc que le changement climatique n’est pas un problème du futur, mais une réalité présente qui nécessite une action immédiate et coordonnée. En experts RSE, nous avons la responsabilité de porter ce message au sein de nos organisations et de catalyser le changement nécessaire. Cela nécessite non seulement de réduire nos émissions de gaz à effet de serre, mais aussi d’anticiper et de nous adapter aux impacts inévitables du changement climatique. C’est un défi colossal, mais aussi une opportunité de repenser nos modèles de développement pour les rendre plus durables et résilients.

Source rapport RAC https://reseauactionclimat.org/des-impacts-du-changement-climatique-plus-frequents-et-intenses-dans-toutes-les-regions-francaises/
Article de Novethic « Infographie : découvrez les impacts du changement climatique dans votre région » https://www.novethic.fr/environnement/climat/infographie-decouvrez-les-impacts-du-changement-climatique-dans-votre-region

Rapport Grand Public 2024 du Haut Conseil pour le Climat

Le Haut Conseil pour le Climat publie son rapport grand public, alors que la version complète avait été publiée en Juin.

Le rapport étant lui même une synthèse, je ne vous en propose pas d’autre synthèse.

Source https://www.hautconseilclimat.fr/publications/rapport-grand-public-2024/
Rapport annuel complet https://www.hautconseilclimat.fr/publications/rapport-annuel-2024-tenir-le-cap-de-la-decarbonation-proteger-la-population/
La présentation en slides du rapport grand public https://www.hautconseilclimat.fr/wp-content/uploads/2024/09/RA24_GP_HCC_Diaporama_presentation_vf.pdf

Développement durable et IA : Les paradoxes de Microsoft

Dans un long article publié dans The Atlantic, Helen Hao expose, après l’analyse de documents internes de Microsoft et des dialogues avec des employés et anciens employés, sur l’hypocrisie de la stratégie de décarbonation de Mircrosoft.

En novembre 2023, Microsoft publiait en effet un playbook qui présente une vision ambitieuse où l’IA joue un rôle central pour relever les défis environnementaux majeurs, notamment l’atteinte de la neutralité carbone, le renforcement de la résilience climatique et la protection de la biodiversité. Microsoft y expose un plan d’action en 5 points pour créer les conditions favorables à cette synergie entre IA et durabilité.
Dans les messages importants de ce livre blanc, Microsoft parle de

  1. L’IA comme accélérateur pour mesurer, prédire et optimiser des systèmes complexes liés à la durabilité. Les exemples fournis sur la détection des fuites d’eau ou l’optimisation des réseaux électriques illustrent bien ce potentiel.
  2. Le rôle de l’IA pour accélérer le développement de solutions durables, notamment dans les domaines des énergies renouvelables, du stockage d’énergie ou des cultures résilientes au changement climatique.
  3. L’importance de développer les compétences et les infrastructures nécessaires pour exploiter pleinement le potentiel de l’IA au service du développement durable.

Le rapport présente plusieurs cas d’usage concrets qui donnent du crédit à cette vision. Par exemple, l’utilisation de l’IA par LineVision pour augmenter de 60% la capacité des lignes de transmission électrique au Royaume-Uni, permettant l’intégration de 600 MW supplémentaires d’éolien offshore. Ou encore le partenariat entre Microsoft et FIDO Tech pour déployer la détection des fuites d’eau par IA dans plusieurs villes, dont Londres où les pertes atteignaient 24% du volume d’eau.

Mais dans l’article The Atlantic, publié de plus après les annonces de Microsoft en Mai 2024 d’une explosion des émissions de CO2 liées à l’IA, expose une stratégie dont Microsoft ne parle pas. De manière délibérée, du fait d’un potentiel évalué en interne à près de 35 à 75 milliards de dollars par an, Microsoft a choisi d’aider les majors du pétrole à extraire plus (mais mieux). Or les extractions supplémentaires compensent bien plus que les seuls efforts de Microsoft en réduction carbone.

Pourtant Microsoft continue à dire, tel Darryl Willis, VP division énergie de Microsoft, ancien dirigeant de BP, ancien porte parole dans la crise Deepwater Horizon), que « L’IA résoudra plus de problèmes qu’elle n’en créera » . « Beaucoup des dilemmes auxquels nous sommes confrontés dans le domaine de l’énergie seront résolus grâce à la relation avec l’IA générative. »

Source
Livre blanc sur l’usage de l’IA par Microsoft https://blogs.microsoft.com/on-the-issues/2023/11/16/accelerating-sustainability-ai-playbook/
Article The Atlantic de Karen Hao https://www.theatlantic.com/technology/archive/2024/09/microsoft-ai-oil-contracts/679804/
Article sur les explosions des émissions CO2 de Microsoft liées à l’IA https://www.carbone4.com/analyse-empreinte-carbone-du-cloud

Le PNUD propose son analyse 2024 des signaux du changement, perspective sur les défis et opportunités émergents en matière de développement durable.

Ce document prospectif explore les tendances susceptibles de façonner notre avenir commun, avec un accent particulier sur l’équité intergénérationnelle, le progrès technologique responsable et la résilience des communautés.

Ce qui en ressort:

  • L’urgence de repenser nos modèles économiques et de gouvernance pour assurer un avenir équitable aux générations futures. Le rapport souligne que 41% des personnes interrogées dans le cadre de l’enquête sur les valeurs mondiales donnent désormais la priorité à la protection de l’environnement par rapport à la croissance économique, contre seulement 17% en 2010-2014. Cette évolution des mentalités offre une opportunité unique pour les entreprises d’aligner leurs stratégies RSE sur ces attentes sociétales croissantes.
  • Des initiatives innovantes qui pourraient inspirer nos pratiques RSE. Par exemple, le concept japonais de « Future Design », où des citoyens se projettent en 2060 pour planifier les villes d’aujourd’hui, pourrait être adapté dans nos processus de planification stratégique à long terme. De même, l’émergence de nouvelles formes d’assurance, comme les polices EcoShield protégeant les écosystèmes vitaux, ouvre des perspectives intéressantes pour la valorisation du capital naturel dans nos modèles d’affaires.
  • La gouvernance responsable des nouvelles technologies, en particulier l’IA. Le rapport montre que 75% des personnes reconnaissent les méthodes scientifiques comme le meilleur moyen de déterminer la vérité, mais que la confiance varie selon les pays et l’orientation politique. D’où l’importance pour les entreprises de développer des cadres éthiques solides et transparents pour l’utilisation de l’IA, en impliquant diverses parties prenantes dans ce processus.
  • Les défis émergents liés à la résilience des communautés, notamment face à la désinformation et à l’isolement social croissant. Ces enjeux nécessitent de repenser nos stratégies d’engagement communautaire et de communication responsable. Les initiatives comme les ateliers d’alphabétisation numérique utilisant l’IA pour simuler des scénarios du monde réel, mentionnées dans le rapport, pourraient être adaptées dans nos programmes de formation et de sensibilisation.

Ce travail est une mine d’idées pour enrichir nos démarches RSE. Les réflexions sur les nouveaux modèles économiques circulaires ou régénératifs, par exemple, fournissent des pistes concrètes pour repenser nos chaînes de valeur. De même, les discussions sur l’équité intergénérationnelle invitent à intégrer cette dimension dans nos analyses d’impact et nos processus de décision.

Source

L’IGN publie son atlas annuel sur le thème « Cartographier l’Anthropocène à l’ère de l’intelligence artificielle »

Il présente comment l’IA est utilisée pour observer, analyser et anticiper les transformations de notre environnement. L’objectif est de fournir des outils d’aide à la décision pour les politiques publiques en matière d’aménagement du territoire, de gestion des ressources naturelles et de transition écologique. L’IGN nous en donne des exemples par grandes thématiques:

🔹Connaissance et suivi de l’environnement : Comment l’IA aide à comprendre les transformations rapides de notre environnement. Le projet OCS GE (Occupation du sol à grande échelle) qui utilise le deep learning classe automatiquement les zones selon leur couverture. L’IA permet de fusionner des données hétérogènes et de traiter des volumes exceptionnels d’informations pour une connaissance plus fine du territoire.

🔹Gestion des risques : L’IA est utilisée pour modéliser et prévenir les risques liés au changement climatique (inondations, feux de forêts, etc.). Le travail souligne l’importance de croiser des données très hétérogènes et de les rendre facilement accessibles grâce à la « FAIRisation ». L’IA permet d’analyser de vastes corpus de données environnementales pour identifier les causes possibles des crises passées et prédire les futures.

🔹Forêt : L’IA est utilisée pour observer et anticiper l’évolution des forêts face aux défis du changement climatique. Comment l’IA accélère la mise à jour de la cartographie forestière, permet d’identifier les différentes essences d’arbres et contribue à la création d’un jumeau numérique des massifs forestiers.

🔹Agriculture : L’IA est utilisée dans le secteur agricole, particulièrement impacté par les bouleversements environnementaux. Le rôle de l’IGN est important dans la production du Registre parcellaire graphique (RPG®), une base de données géographiques essentielle pour la répartition des aides de la Politique Agricole Commune (PAC). L’IA est utilisée pour cartographier les cultures, suivre l’évolution des paysages et vérifier les déclarations des exploitants. Le Machine Learning permet d’accélérer le processus de photo-interprétation, tout en maintenant la supervision humaine pour garantir la qualité des données. Des projets expérimentaux, comme le système de monitoring des surfaces agricoles en temps réel (3STR), montrent le potentiel de l’IA pour automatiser les déclarations des agriculteurs et développer une agriculture de précision plus respectueuse de l’environnement.

🔹Urbanisme : Le supercalculateur Jean-Zay est utilisé pour suivre l’évolution des zones urbaines et lutter contre l’artificialisation des sols. L’IGN produit une segmentation sémantique du territoire à partir de prises de vues aériennes, en classifiant des milliards de pixels pour alimenter la base de données d’occupation des sols à grande échelle (OCS GE).

🔹Énergie : Le rôle de l’IGN dans la transition énergétique est notamment dans le développement d’un jumeau numérique du territoire. L’IA aide à optimiser l’usage des réseaux énergétiques et à déployer les énergies renouvelables. Le concept de jumeau numérique national est présenté comme un outil d’analyse multithématique pour les politiques publiques.

Ainsi, au travers de ces exemples, on peut comprendre que l’IA, notamment le deep learning, permet de traiter des volumes massifs de données environnementales hétérogènes. Cette technologie est particulièrement pertinente pour suivre des phénomènes complexes comme l’artificialisation des sols ou l’évolution des forêts. La qualité des données sources reste primordiale pour obtenir des résultats fiables.

L’IGN développe une approche collaborative et ouverte pour stimuler l’innovation dans le domaine de la géodonnée. Le développement de jumeaux numériques du territoire ouvre de nouvelles perspectives pour anticiper les impacts environnementaux.

Source

Pour aller plus loin avec l’IGN.
L’IGN publie ce travail depuis 2022, avec des thématiques différentes.
🔹En 2023, il s’agissait de cartographier l’occupation des sols
🔹En 2022, l’IGN proposait de changer d’échelle pour pouvoir agir

Microplastiques – Science – 20 ans de recherches scientifique sur les pollutions par les microplastiques

L’article « Twenty years of microplastics pollution research – what have we learned », publié dans Science en septembre 2024 décrit le bilan critique de deux décennies de recherche sur la pollution par les microplastiques. Elle décrit les progrès réalisés, les défis persistants et les implications pour les entreprises et la société.

Les auteurs soulignent que depuis la première identification des #microplastiques dans les océans en 2004, notre compréhension de leur omniprésence et de leurs impacts potentiels s’est considérablement accrue. Les microplastiques ont été détectés dans pratiquement tous les environnements étudiés, des profondeurs océaniques à l’atmosphère, en passant par les sols et même les tissus humains.

Les microplastiques ne sont pas une catégorie uniforme de polluants. Leur diversité en termes de taille, de forme, de composition chimique et d’additifs complique l’évaluation de leurs impacts et nécessite des approches de gestion différenciées. Cette complexité met en évidence l’importance pour les entreprises d’avoir une connaissance approfondie des matériaux qu’elles utilisent et de leurs impacts potentiels tout au long de leur cycle de vie.

Plusieurs avancées scientifiques majeures :

  1. L’amélioration des techniques d’identification et de quantification des microplastiques, notamment grâce à des méthodes spectroscopiques avancées.
  2. La compréhension accrue des voies de transport des microplastiques dans l’environnement, y compris le rôle des rivières et de l’atmosphère.
  3. L’identification des impacts potentiels sur les organismes, allant des effets physiques (comme l’obstruction du tractus digestif) aux effets chimiques liés aux additifs et aux polluants adsorbés.

Les lacunes:

  1. Le manque de données standardisées sur les concentrations de microplastiques dans différents environnements.
  2. L’incertitude concernant les effets à long terme sur les écosystèmes et la santé humaine.
  3. La difficulté à évaluer les risques associés aux particules les plus petites (nanoplastiques).

Au sein des entreprises, il est important d’adopter une approche prudente et proactive dans la gestion des plastiques. Il faut :

  1. Investir dans la recherche et le développement de matériaux alternatifs durables.
  2. Mettre en place des systèmes de traçabilité rigoureux pour les plastiques utilisés dans les produits et les emballages.
  3. Collaborer avec les scientifiques et les régulateurs pour développer des normes et des méthodes d’évaluation des risques plus robustes.

Source

Macroplastiques – Nature – Un inventaire des émissions locales et mondiales de pollution par les macroplastiques

Ce travail publié dans Nature en septembre 2024 sur les émissions mondiales de déchets plastiques présente un nouvel inventaire détaillé des émissions de macroplastiques à l’échelle locale et mondiale. Et c’est essentiel pour orienter les politiques et actions de lutte contre la pollution plastique.

L’étude estime à 52,1 millions de tonnes par an les émissions mondiales de déchets plastiques, dont 57% brûlés à l’air libre et 43% sous forme de débris non brûlés. Un constat alarmant qui souligne l’urgence d’agir. Les pays du Sud sont les plus touchés, avec les déchets non collectés comme principale source d’émissions (68% du total mondial).

La méthodologie développée, combinant modélisation conceptuelle et données d’activité mesurables, permet d’identifier avec précision les points chauds d’émissions dans plus de 50 000 municipalités. C’est un outil précieux pour cibler efficacement les interventions. L’approche bottom-up et la prise en compte de 5 sources d’émissions distinctes offrent une granularité inédite par rapport aux modèles précédents.

Ces résultats nous appellent, en tant qu’experts de l’action RSE, à repenser nos stratégies. La priorité doit être donnée à la réduction des déchets non collectés dans les pays en développement, qui représentent la majorité des émissions. Cela implique de travailler sur l’amélioration des systèmes de collecte mais aussi sur la réduction en amont de la production de déchets plastiques.

L’étude montre aussi l’importance sous-estimée de la combustion à ciel ouvert, responsable de 57% des émissions.

Le modèle développé donne un cadre robuste pour suivre l’évolution des émissions et évaluer l’efficacité des mesures mises en place. Son utilisation pourrait devenir un standard dans le cadre du futur traité mondial sur les plastiques. Cependant, l’applicabilité concrète de ces résultats nécessite des efforts importants. La mise en œuvre de solutions à grande échelle dans les pays du Sud, où se concentrent les émissions, reste un défi important. Des partenariats public-privé innovants et un soutien financier conséquent seront nécessaires.

Pour approfondir ces enjeux, je recommande la lecture du rapport de l’OCDE « Global Plastics Outlook: Economic Drivers, Environmental Impacts and Policy Options » ainsi que l’article de MacLeod et al. (2021) « The global threat from plastic pollution » publié dans Science. Ces sources complémentaires offrent une perspective plus large sur les impacts économiques et écologiques de la pollution plastique.

En conclusion, ce travail fournit des données importantes pour guider nos actions RSE sur la problématique des déchets plastiques. Il souligne l’importance d’une approche globale et différenciée selon les contextes locaux, tout en mettant l’accent sur la nécessité d’agir en priorité dans les pays du Sud.

Approfondir
Source de l’article
Rapport OCDE

Etude The global threat from plastic pollution publiée dans Science 2 juillet 2021 – Matthew Macleod

(Rapport scientifique) – PIK – La Terre a peut-être franchi sept des neuf limites planétaires

le Potsdam Institute for Climate Impact Research (PIK) et son directeur Johan Rockström, soutenu par les Planetary Guardians, publie le premier rapport scientifique « Planetary Health Check (PHC) » pour l’année 2024. Ce bilan issu de l’initiative « Planetary Boundaries Science (PBScience) » tente de donner un état de la santé de la planète.

Il révèle une situation alarmante :

  1. 6 des 9 limites planétaires ont été franchies, avec des tendances à la hausse pour tous les indicateurs concernés. Cela inclut le changement climatique, l’intégrité de la biosphère, le changement d’utilisation des terres, le cycle de l’eau douce, les flux biogéochimiques et l’introduction d’entités nouvelles.
  2. Parmi les 3 frontières encore dans la zone de sécurité, l’acidification des océans mérite une attention particulière, proche de la violation de sa limite. Bien que n’ayant pas encore franchi le seuil critique, elle s’en approche dangereusement. La diminution de la saturation en aragonite dans les océans, particulièrement aux hautes latitudes, menace directement la productivité marine, la biodiversité et les pêcheries mondiales. Cela marquerait une entrée en territoire de risque croissant.

« Notre diagnostic actualisé montre que les organes vitaux du système terrestre s’affaiblissent, ce qui entraîne une perte de résilience et des risques croissants de franchissement de points de basculement. Six des neuf limites planétaires sont transgressées, ce qui est mis en contexte dans le rapport par des cartes spatiales à haute résolution des tendances locales et régionales pour les neuf limites. Le message est clair : les actions locales ont un impact sur la planète, et une planète sous pression peut avoir un impact sur tout le monde, partout. Assurer le bien-être humain, le développement économique et la stabilité des sociétés nécessite une approche holistique où la protection de la planète occupe une place centrale ». Ce sont les paroles du co-directeur de PBScience.

PBScience annonce le développement d’un tableau de bord en temps réel des limites planétaires, qui pourrait devenir un outil précieux pour guider nos décisions stratégiques. Vous pouvez le découvrir en illustration de cette petite synthèse.

En tant qu’experts RSE, ce rapport nous rappelle que notre rôle est plus crucial que jamais. Nous devons être à l’avant-garde de la transformation de nos entreprises, en promouvant des approches qui visent non seulement à réduire les impacts négatifs, mais aussi à régénérer activement les systèmes naturels. Cela implique de repenser fondamentalement nos modèles d’affaires, nos chaînes d’approvisionnement et nos pratiques opérationnelles.

Le rapport scientifique complet https://www.planetaryhealthcheck.org/storyblok-cdn/f/301438/x/03be75c484/planetaryhealthcheck2024_report.pdf
Le rapport scientifique de synthèse [[Planetary Health Check – 2024 – planetaryhealthcheck2024_executive summary.pdf]]
L’article du Guardian sur l’acidification https://www.theguardian.com/environment/2024/sep/23/earth-breach-planetary-boundaries-health-check-oceans